Point de vue

5G en Afrique : Challenges d'Orange

dim. 26 févr. 2023

L'enjeu pour Orange est d'arriver sur le marché de la 5G au bon moment, tout en restant attentif aux initiatives des opérateurs concurrents pour accomapgner au mieux les pays africains.

Partenaire de la transformation numérique des 18 pays de la zone MEA où il est présent, Orange a lancé ses premières offres commerciales 5G au Botswana en 2022. D’autres filiales sont dans les starting-blocks. La stratégie de déploiement 5G d’Orange répond à son ambition d’apporter l’innovation en MEA et d’y être l’opérateur de référence. Mais elle s’adapte aux niveaux de maturité des marchés locaux.

En dépit des difficultés liées à la crise sanitaire, Orange a gardé son cap stratégique sur la zone MEA. En novembre 2022, Orange Botswana était la première filiale d’Orange en Afrique à lancer un réseau commercial 5G NSA après un important travail de préparation et d’adaptation technique.

 

Promouvoir l’innovation pour soutenir l’économie et réduire la fracture numérique en MEA

Couvrant 30% de la population des régions de Gaborone et Francistown, la technologie 5G permettra la fourniture de nouveaux services de santé, d’éducation et de sécurité à la population du Botswana. Elle servira notamment de levier au développement d’un projet d’ambulances connectées. Elle offre aux particuliers et aux PME de nouveaux services haut débit à valeur ajoutée.

Ce lancement répond à l’ambition du gouvernement du Botswana de tirer parti des innovations de la 5G pour transformer le pays en une économie inclusive, davantage fondée sur la connaissance. Il s’inscrit pleinement dans la mission d’Orange de soutien aux économies locales et à la création d’emplois par le déploiement de technologies innovantes pour continuer à réduire la fracture numérique sur le continent africain.

S’appuyant sur sa longue expérience de déploiement des réseaux 2G, 3G, 4G et de monétisation des nouveaux usages liés à ces bascules technologiques successives, Orange poursuivra ses lancements commerciaux 5G dans la zone en 2023, dans trois à cinq autres pays.

Une stratégie de lancement « First and Right »

S’il entend être le premier à proposer des services 5G à ses clients pour devenir ou rester l’opérateur de référence sur les marchés de son footprint, Orange reste à l’écoute de la situation et des besoins de ses clients, particuliers et entreprises, pour les accompagner au mieux dans leur transformation numérique. L’enjeu est d’arriver au moment opportun pour le marché, tout en restant attentif aux initiatives des opérateurs concurrents. En effet, compte tenu de la géographie des pays, du PIB par habitant, du fait que la moitié de la population vit dans des zones rurales, la 5G n’est pas encore une priorité partout sur le continent africain :

  • La demande première des particuliers et des entreprises porte sur un meilleur débit, une meilleure qualité de réseau sans congestion et une couverture réseau toujours plus étendue au domicile, sur le lieu de travail, dans les déplacements.
  • De nombreux pays restent focalisés sur le déploiement du haut débit, qu’il soit mobile data ou fixe. Donc, sur le mobile, Orange poursuit le déploiement de la 4G, déjà présente dans 17 pays sur 18, mais inégalement, certaines populations n’étant encore connectées qu’en 2G/3G. La priorité d’Orange est d'améliorer la qualité de la couverture en amenant la 4G dans des zones rurales, par exemple. En parallèle, pour les usages fixes haut débit Orange déploie de la fibre FTTH et FTTB, mais de façon ciblée : notamment dans les zones d’activités économiques importantes ou vers des catégories socio-professionnelles moyennes-élevées dans les centres-villes.

La 5G comme levier d’un mix technologique performant

En dépit de ces freins, la 5G apportera un complément stratégique aux technologies mobile data 4G et fixe broadband. Evolution disruptive de la 4G notamment sur le marché du BtoB, la 5G offre, diffuse et transporte des services de données très haut débit. Elle permettra également des services avancés et personnalisés (slicing) mettant en jeu des besoins de faible latence, et la gestion de grands volumes d’objets connectés. Elle contribuera ainsi à un mix-technologique très performant. Elle viendra, dans un premier temps, compléter et améliorer l’efficacité de la couverture Fixed Wireless Access (FWA) qu’Orange réalise actuellement en 4G et qui pourra se faire en 5G : à partir d’un accès sur le réseau mobile via un modem éventuellement transportable, les clients bénéficieront d’une qualité de connectivité très haut débit, similaire à celle d’usages fixes.

Des prérequis au lancement de services commerciaux 5G

Pour lancer commercialement la 5G en MEA, plusieurs conditions doivent être réunies :

  • Des conditions réglementaires : les opérateurs sont tributaires de la volonté des gouvernements d’ouvrir des fréquences et d’accorder des licences 5G à des prix accessibles. Certains pays ont affiché une claire volonté de rendre le spectre 5G disponible rapidement à un coût économiquement attractif. Dans d’autres pays, les autorités de régulation n’ont toujours pas lancé de processus d’attribution des licences/fréquences 5G. Parfois il est nécessaire de réaménager le spectre occupé par d’autres usages. Pour favoriser les déploiements, Orange collabore avec plusieurs organismes de réglementation afin d’élaborer une feuille de route tout en testant la technologie et en développant des cas d’usage correspondant aux besoins des populations locales.
  • Des conditions techniques multiples : la maturité de l’écosystème joue un rôle déterminant. D’abord, le fibrage des tours de télécommunications est un préalable indispensable pour la diffusion des services 5G. Ensuite, le déploiement des réseaux 5G est l’occasion de remettre en compétition les fournisseurs. Sur un marché tout juste émergent, le calibrage des appels d’offres est délicat et requiert du temps. En effet, en zone MEA, l’ARPU moyen est de 3 € contre 15 ou 20 € en Europe. Pour que les structures de prix des équipements 5G soient compatibles avec l’économie des pays africains, il faut attendre leur production à grande échelle ce qui pose la question du « bon moment » pour se lancer. Même problématique pour les smartphones et les boxes compatibles 5G : pour le moment, leurs prix restent incompatibles avec une diffusion massive. Enfin, des travaux parfois longs d’intégration des terminaux 5G dans les réseaux, en lien avec les fournisseurs concernés, doivent être anticipés dans les roadmaps de pré-lancement.
  • Des conditions de prix : la monétisation des offres 5G est un sujet complexe. Le saut qualitatif entre la 4G et la 5G est moins perceptible pour le client particulier que lors de la bascule de la 3G à la 4G. Le prix doit tenir compte de la valeur ajoutée perçue dans un premier temps : une meilleure couverture, un meilleur débit, une meilleure qualité et des services à valeur ajoutée.
 

Les challenges spécifiques à adresser pour lancer un réseau commercial 5G sur la zone Afrique Moyen-Orient expliquent une stratégie progressive et une volonté de cohérence et de complémentarité avec tout ce qui a été déployé jusqu’à présent. Néanmoins la 5G est porteuse de promesses multiples et d’innovations comme l'internet des objets et le slicing. Elle apportera de la valeur dans divers secteurs d’activité : par exemple, la gestion des zones portuaires, nombreuses sur le continent. A travers l’ouverture de 5G Labs à Dakar, à Abidjan et récemment à Amann, Orange favorise déjà les interactions avec les acteurs économiques locaux, publics et privés, les start-up et l’ensemble de l’écosystème afin d’anticiper les futurs usages et besoins de ses clients.

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Jean-François Thomas

Directeur de la stratégie