Le niveau de pénétration d’Internet en Afrique subsaharienne est le plus faible du monde, et se situe à la moitié de la moyenne mondiale. Les raisons de ce déficit sont multiples mais la première en est le manque de capacité et d’infrastructures. Les opérateurs de télécommunications non seulement apportent connectivité et services mais ils sont également pionniers dans l’introduction de nouveaux métiers, de nouveaux usages, et de nouvelles méthodes de travail, soit les 3 piliers qui permettent d’évaluer les connaissances et la maturité digitale d’un pays. Pour créer un écosystème numérique puissant, réel accélérateur de développement économique et social, les opérateurs peuvent agir à plusieurs niveaux.
Déployer le socle indispensable : infrastructures numériques et offres de services
En charge du déploiement d’infrastructures haut débit en collaboration avec les gouvernements, les opérateurs assurent l’accessibilité aux services à l’ensemble de la population, et notamment le désenclavement des zones rurales et la connexion des écoles et des universités. L’impact de ces projets n’est plus à prouver : une augmentation de 10% dans le taux de pénétration de la connexion à large bande dans les ménages correspond à une augmentation du PIB d’un pays, comprise entre 0,1% et 1,4%. Les bailleurs de fonds ne s’y trompent pas : ils financent massivement les déploiements dans les pays en voie de développement et en font une condition de développement des pays moins avancés.
Cependant la disponibilité d’infrastructures numériques n’est que le début de la solution, il faut également développer une offre de services accessibles, adaptée aux usages, besoins et moyens financiers des entreprises et des citoyens.
Dans des pays où le téléphone mobile reste le premier mode d’accès à Internet, il importe, d’une part, que les offres de connectivité haut débit soient abordables pour tous, et, d’autre part, de développer des solutions innovantes garantissant l’accès à des services digitaux y compris en 2G. Le digital doit être à la disposition du plus grand nombre pour devenir une réalité et soutenir un réel développement en facilitant les échanges, la création d’entreprises et d’emplois. Les opérateurs ont ainsi été moteurs dans le développement de solutions innovantes à bas coût comme les services financiers mobiles, ou des offres packageant téléphonie et énergie en Afrique.
Acteurs de l’accessibilité, les opérateurs sont également partie prenante dans le développement des stratégies d’e-gouvernement, fournissant les infrastructures, la connectivité, certains services et garantissant une couverture optimale des territoires en partenariat avec les gouvernements.
Développer les compétences numériques
Mais au-delà des infrastructures et des services, les opérateurs jouent également un rôle dans le développement des compétences.
Le développement des infrastructures et services numériques ne pourra s’inscrire dans la durée qu’à deux conditions : que les infrastructures soient correctement déployées et entretenues, et que les opérateurs disposent aussi des compétences marketing et commerciales nécessaires à la création et à la commercialisation d’une offre de services qui permettra d’exploiter pleinement la capacité disponible. Or aujourd’hui, on constate un réel déficit de compétences dans ces domaines dans la plupart des pays.
En ce qui concerne les infrastructures, les opérateurs et fournisseurs d’équipements font appel soit à de la main d’œuvre non expérimentée, soit à des travailleurs issus d’autres pays et d’autres cultures. Dans le premier cas, le résultat est : une qualité de déploiement souvent médiocre, ce qui dégrade la qualité de service et des délais de déploiement rarement respectés. Dans le deuxième cas, le projet a un impact nul voire négatif sur le développement de compétences locales.
Pour pallier ce problème il faut former en amont aux métiers du réseau, que ce soit sur les technologies de la fibre ou des réseaux mobiles (4G, et bientôt 5G). Il ne s’agit pas uniquement de former des cadres marketing et commerciaux, des ingénieurs et des techniciens supérieurs, mais de former à l’ensemble des métiers à commencer par ceux du génie civil, de l’accès et du raccordement…
Conscients de cet enjeu, de nombreux opérateurs, notamment en Afrique, s’impliquent fortement dans la formation autour des métiers du numérique. Cette implication prend plusieurs formes :
- des partenariats académiques,
- la création de formations professionnelles, avec des formats courts (moins d'un an), co-définis avec les entreprises, en particulier sur les métiers d’ouvrier (génie civil) et de technicien (raccordement...). Ces formations s’adressent à des publics pas ou peu diplômés et ont vocation à déboucher sur un emploi. Elles peuvent aussi embarquer des salariés des opérateurs et des entreprises en charge du déploiement pour les faire monter en compétences,
- le développement de structures de formation ; ces dernières servent les besoins propres des opérateurs mais aussi ceux de l’écosystème. En Ethiopie, Ethio Telecom a ainsi développé un partenariat de formation entre son université d’entreprise, TExA, et les universités locales. Orange Côte d’Ivoire a créé la Digital Academy pour former des jeunes aux métiers du numérique.
Les opérateurs deviennent ainsi pôles d’expertise locale et pérenne dans le domaine des réseaux, des systèmes d’information et du marketing, et viviers de compétences pour un secteur des TICS en pleine croissance.
Soutenir le lancement de start-up numériques innovantes
Les opérateurs sont souvent moteurs dans la structuration et la création d’un écosystème numérique par leur implication dans la formation mais aussi par leur soutien à la création d’entreprises dans le secteur du numérique.
Orange, par exemple, apporte son soutien aux start-ups et aux entrepreneurs à travers diverses initiatives. On peut citer son réseau de FabLab, d’incubateurs et de Centres de Développement comme Orange Development Center en Tunisie, ou Orange Fab Sénégal au Sénégal. Orange organise également des concours comme le Orange StartUp Cup Challenge Business Model Competition lancé par Orange Egypte en partenariat avec l’Université du Nil et destiné à promouvoir et à faciliter l’entreprenariat.
Contribuer à l’appropriation des usages numériques
Enfin, et de façon moins visible, les opérateurs, qui comptent en général parmi les plus grosses entreprises dans leur pays, sont souvent précurseurs dans l’introduction et la diffusion des usages numériques :
- via la digitalisation interne (ERP, système d’information RH, réseau social d’entreprise …) qui familiarise les salariés avec les e-services et l’usage du mail,
- par la généralisation de systèmes de paie par virement, qui oblige l’ensemble des salariés à avoir un compte bancaire et favorise le développement de la bancarisation dans la population.
Ces usages se diffusent par capillarité au reste de la société, posant une base supplémentaire à l’adoption du numérique et à la réduction des inégalités.
La transformation digitale de l’Afrique aura plusieurs effets positifs : dynamiser l’économie du continent, créer des emplois, identifier et encourager l’entreprenariat, former et retenir les talents, et créer une culture numérique propre au continent. Les opérateurs de télécommunications sont un des piliers de cette transformation et doivent être conscients des rôles multiples qu’ils y tiennent.
Article extrait de notre livre blanc, Inclusion numérique : un enjeu sociétal ?