Une crise existentielle et universelle !
Afin de maintenir la planète habitable et éviter les effets des changements climatiques sur l’environnement, les scientifiques sont de plus en plus unanimes sur l’importance et l’urgence de limiter l’élévation de la température mondiale à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels du XIXème siècle. Aujourd’hui, celle-ci est déjà supérieure d’environ 1,1 °C par rapport à ce référentiel. Aussi et conformément à l’Accord de Paris, convient-il de réduire les émissions de 45 % d’ici à 2030 et d’atteindre zéro émission nette d’ici à 2050. Cependant, l’atteinte de cet objectif est de plus en plus complexe à cause d’une part d’une croissance économique mondiale qui s’appuie principalement sur des énergies fossiles et d‘autre part d’une démographie mondiale en pleine évolution. Le rythme et l’ampleur de l’urbanisation posent à leur tour des difficultés supplémentaires en matière de disponibilité de logements, d’accès aux soins et à l’éducation, d’infrastructures et de transports et deviennent souvent sources de conflits et de violence.
Une vision unanimement partagée
Face à cette situation très alarmante, l’organisation des Nations Unies a adopté en 2015, l’Agenda 2030 où 193 pays ont approuvé 17 Objectifs de développement durable (ODD) en remplacement des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ; et ce, après deux ans de négociations incluant les gouvernements et la société civile.
Les objectifs de développement durable donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et durable pour tous. Ils ont été conçus pour répondre aux défis mondiaux, notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, au changement climat, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la paix et à la justice. Pour suivre les progrès accomplis à l'échelle mondiale vers l'atteinte des ODD, les 169 cibles (« sous-objectif ») sont adossées à une liste de 244 indicateurs.
A titre d’exemple, un quart des enfants de moins de cinq ans à l’échelle mondiale, n’ont jamais été enregistrés à la naissance ; ils ne disposent d’aucune preuve d’identité juridique leur permettant de protéger leurs droits et de garantir l’accès universel aux services sociaux.
Aussi, l’objectif 16 qui porte sur la Justice et la paix se décline-t-il en 10 cibles dont la 16.9 stipule que « d'ici à 2030, garantir à tous une identité juridique, notamment grâce à l'enregistrement des naissances ».
Où en est aujourd’hui l’Afrique sur le chemin du développement durable ?
Les gouvernements africains déploient des efforts considérables pour prendre en compte les ODD dans leurs stratégies nationales et dans leurs plans de développement. La grande majorité des pays ont ainsi identifié des unités gouvernementales pour coordonner la mise en œuvre et priorisé des cibles et des indicateurs spécifiques.
Cependant, le rapport de 2020 sur l'indice et les tableaux de bord des ODD en Afrique conclut que :
- Dans l'ensemble, l'Afrique du Nord est la région la plus performante en moyenne, tandis que l'Afrique centrale est la moins performante. La Tunisie a remplacé l'île Maurice au premier rang.
- De sérieux défis existent et la majorité des pays ont actuellement de très mauvais résultats. Les résultats de Leave No One Behind (LNOB) montrent que tous les pays africains luttent actuellement contre toutes sortes d'inégalités.
- Les objectifs confrontés aux plus grands défis sont l'ODD 3 (bonne santé et bien-être), l'ODD 9 (infrastructures) et l'ODD 16 (paix, justice et institutions solides). Les objectifs où le continent obtient de meilleurs résultats sont l'ODD 13 (action pour le climat) et l'ODD 12 (consommation et production responsables).
- Dans tous les pays et par rapport à l’ensemble des objectifs, les tendances les plus fréquemment observées sont la stagnation et l'amélioration modérée, ce qui constitue une évolution positive par rapport à l'analyse de 2019 qui était extrêmement stagnante. Le seul objectif pour lequel la majorité des pays africains sont sur la bonne voie est l'ODD 13 sur l'action climatique.
Malgré ce constat, la Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de La Commission économique pour l'Afrique (CEA), Vera Songwe, a expliqué, lors du 8ème Forum régional africain pour le développement durable (FRADD) tenu à Kigali du 3 au 5 MARS 2022, que « les progrès réalisés par l’Afrique dans les domaines du changement climatique, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), de la gestion de la COVID-19 et de l’éducation doivent être applaudis ».
Par ailleurs pour l’Union Africaine, l’Agenda 2063 est la manifestation concrète de la volonté panafricaine d’union, d’autodétermination, de liberté, de progrès et de prospérité collective poursuivie dans le cadre du panafricanisme et de la renaissance africaine. Selon Maged Abdelaziz, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial pour l’Afrique, l’Agenda 2063 est beaucoup plus précis que les ODD quant aux objectifs à atteindre.
En matière d’éducation, par exemple, les objectifs de développement durable parlent d’assurer l’éducation primaire et secondaire pour tous, tandis que l’Agenda 2063 vise en plus une augmentation au niveau tertiaire.
La sécurité sanitaire de l’eau est un autre exemple. Les objectifs de développement durable appellent à une augmentation substantielle, alors que l’Agenda 2063 définit précisément cette augmentation. Il en va de même pour les autres objectifs. De façon générale, Les deux agendas se complètent et sont cohérents.
La transformation numérique de la société : Levier incontournable du développement durable
Dès 2018, l'enquête des Nations Unies sur l’Administration en ligne publiée trois ans après le début de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, avait souligné l’importance d’intégrer dans le développement de l’administration électronique les objectifs de résilience, d’inclusion et de développement durable.
A l’évidence, l’administration en ligne a le potentiel d’aider à soutenir la mise en œuvre de l'Agenda 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable. Il est quasiment impossible d’envisager le développement durable de milliards de personnes avec des ressources de plus en plus limitées, sans l’apport des technologies de l’information et de la communication.
La transformation numérique de la société ne peut plus être perçue comme un luxe. Bien au contraire, la capture continue et en temps réel des données les plus élémentaires à la fois sur l’environnement et sur les populations, la bonne gouvernance et l’exploitation rapide de ces données dans le sens du développement durable, et la banalisation et la généralisation des moyens de communication constituent des ingrédients obligatoires pour faire face aux crises de plus en plus fréquentes et de plus en plus rudes que traverse l’humanité.
Enfin, la transformation numérique de la société est le levier incontournable du développement durable en Afrique.