Point de vue

Know Your Customer 2.0 : vers une entrée en relation digitale sans couture ?

mer. 21 févr. 2018

KYC, ce trigramme anglophone issu de l’expression « Know your customer », désigne le processus permettant de vérifier l’identité des clients d’une entreprise et de s’assurer de leurs conformités face aux législations anti-corruption. L’objectif est de prévenir l’usurpation d’identité, la fraude financière, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce sont autant d’enjeux financiers que d’image pour une entreprise.

 

Même si ce processus peut d’appliquer à plusieurs secteurs, il fait la plupart du temps référence à la réglementation bancaire. Ce type de processus est incontournable lorsqu’un client doit souscrire à un service financier. L’enjeu de sécuriser l’identification du client est encore plus fort quand le processus est 100% digitalisé. A aucun moment le client n’est rencontré en face à face.

KYC : allier contraintes règlementaires et simplicité client

La capacité à réaliser le KYC en ligne pour l’accès à un service financier est au centre des enjeux des acteurs historiques des services financiers mais aussi les nouveaux entrants dans ce secteur. Les opérateurs télécoms sont aussi concernés tant dans leur approche multi canal que dans leur volonté de diversification.

 

Les processus de vérification d’identité peuvent également s’avérer ou être perçus comme très lourd par le client. Envoyer ses justificatifs par courrier pour ouvrir un compte bancaire peut paraître totalement désuet. Les millennials attendent de l’instantanéité dans leurs services au quotidien.

 

L’enjeu est de concilier la fourniture d’un parcours client d’entrée en relation sans couture et immédiat ainsi que la conformité aux règlementations en vigueur.

 

En règle générale, une vérification d’identité repose sur les éléments suivants :

– la validation des pièces et justificatifs d’identité (cartes d’identité, cartes de paiement, contrats, certificats, etc.)

– la vérification des informations fournies, par comparaison avec des bases de données préexistantes

– des contrôles anti-fraude : contrôle de listes de surveillance, notamment liées à l’anti-blanchiment

 

Assurer ces processus KYC constitue aussi un coût à la fois humain et en terme de temps non négligeables pour les entreprises.

Digitalisation du processus de souscription

Les premières options envisagées pour sécuriser une entrée en relation en ligne ont d’abord été de dématérialiser les différentes étapes d’une souscription. C’est à dire, la génération du contrat en ligne est en instantané, puis la signature électronique de celui-ci avec la même reconnaissance légale d’une signature électronique. Est venu ensuite la digitalisation des paiements avec la carte bancaire ou le virement et prélèvement pour alimenter le service financier. Enfin les progrès dans le domaine de l’OCR (Reconnaissance Automatique de caractères) permettant aujourd’hui de vérifier automatiquement l’authenticité de pièces d’identité ou de justificatifs.

 

Des sociétés, Tiers de confiance, telles qu’Ariadnext ou Vialink, propose des solutions clés en main pour automatiser les contrôles de pièces et aider les équipes back office à gagner du temps dans la validation des dossiers. Les vérifications réalisées à la fois sur les points de contrôle de pièces standards ou de recoupement au sein de plusieurs bases de données permettent de générer un scoring de confiance qui est un indicateur pour accepter le client ou pas.

De nouvelles technologies font bouger des lignes

De nouvelles technologies ont cependant ouvert la voie à des solutions alternatives combinant conformité et expérience client optimisée.

La Blockchain, encore elle ?

Eh oui, parmi les use cases faisant appel à cette nouvelle technologie de base de données et de gestion de la preuve, on retrouve inévitablement la gestion du KYC.

 

L’objectif est d’inscrire sur une blockchain, par nature infalsifiable et auditable, les connaissances authentifiées des contreparties (papiers numérisés, signatures, vérifications…). Ainsi cette base de données partagée permet aux acteurs financiers de partager les documents de KYC en étant sûrs qu’ils sont légitimes et valides. Cette technologie ouvre une nouvelle voie en rendant le contrôle d’identité décentralisé. Le KYC n’est plus faite au sein de chaque acteur.

 

Une start-up franco-américaine MatchUpBox a développé une plateforme d’échange de données basée sur une blockchain semi-privée. Cette solution certifie les données personnelles et permet de réaliser des transactions anonymes entre différentes entités. MatchUpBox revendique d’ores et déjà des clients français dans le secteur de la banque et l’assurance. D’autres solutions reposent aussi sur la mutualisation du contrôle d’identité.

Mobile at first

Ainsi la société Chekk propose de rassembler toutes les données (documents d’identité, moyens de paiement…) d’une personne dans une application mobile sécurisée. Chekk a opté pour un modèle BtoBtoC : elle distribue sa solution auprès des banques et assureurs qui la proposent eux-mêmes à leurs clients. L’outil prouve qu’il y a une trace de consentement de la part du consommateur puisqu’il valide lui-même ses données. Basée à Paris, Hong-Kong et Sydney, l’entreprise fait partie des dix start-up sélectionnées par l’accélérateur de Facebook, situé à Station F.

La biométrie une alternative mais attention à la protection des données

Les possibilités offertes par la biométrie, fortement popularisée par les constructeurs de téléphones, constituent aussi de nouvelles options pour assurer le KYC des clients. Ainsi Visa a travaillé avec Morpho sur une solution par reconnaissance faciale pour assurer la non-répudiation d’un paiement. Il ne s’agit alors pas d’entrée en relation mais de sécurisation de l’identité. La reconnaissance du client se fait via l’utilisation d’un smartphone. Elle va réaliser le rapprochement entre le visage enregistré et celui qui est présenté lors du paiement. Le système est transparent dans le parcours client et permet alors d’éviter une contestation du paiement réalisé.

 

Visa et Morpho sont en discussion constante avec la CNIL et les instances européennes. Ils s’assurent de la parfaite conformité de ce moyen de paiement avec la réglementation en vigueur sur la protection des données personnelles.

L’identification Vidéo offre une nouvelle approche

Enfin on note une autre technologie de KYC qui a fait ses preuves en conciliant relation client et règlementation bancaire. N26, jeune fintech Allemagne proposant une offre bancaire sur mobile. Elle a ouvert la voie en Allemagne en vérifiant par vidéo l’identité de ses nouveaux clients. Plus de 500 000 clients ont déjà souscrits à cette offre via vidéo à distance. C’est la société IDNow qui met à disposition sa solution. Elle permet à partir d’une webcam ou de la caméra d’un smartphone de certifier l’identité du client. Muni d’une pièce d’identité cette solution peut valider immédiatement la procédure.

 

Cette technologie est également utilisée pour les processus d’enregistrement pour les échanges en crypto-monnaies. Des clients de références en Allemagne et en Autriche dont Commerzbank utilisent déjà ce procédé.

 

En remplaçant à distance le fameux face à face traditionnel avec le client, cette option permet une souscription immédiate pour le client. Elle permet aussi de noter des éléments sur l’identité du client. Cette solution « magique » est loin de faire l’unanimité au sein des acteurs règlementaires dans le monde. Cependant plusieurs discussions sont en cours, notamment en France et ce mode de fonctionnement pourrait devenir un futur standard pour le KYC next generation.

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