Point de vue

Edge Computing : quelles opportunités pour les opérateurs télécoms ?

mer. 15 juil. 2020

Les acteurs du numérique au sens large s’emparent déjà du sujet du Edge Computing. Google multiplie ses edges nodes, Amazon et Microsoft ont déjà des plateformes Edge opérationnelles et Ericsson compte agréger des points de multiples opérateurs dans le monde pour créer une plateforme Edge fiable.

C’est dans ce contexte que les acteurs des télécoms développent des solutions dites de « Edge Computing ». Voyons ensemble ce qu’est l’Edge Computing et quelles opportunités il ouvre pour les opérateurs.

Edge Computing : qu’est ce que c’est ?

Une architecture réseau…

L’Edge Computing pourrait être défini simplement comme une architecture de cloud décentralisé. Elle permet de déplacer les capacités de calcul, de stockage et les ressources réseaux au plus près du consommateur. De ce fait, l’Edge Computing a trois avantages par rapport au Cloud Computing usuel :

  • les temps de latence sont moins importants ;
  • la saturation réseau est moindre puisque seules les données essentielles sont remontées jusqu’au cœur réseau ;
  • les données peuvent être traitées voire stockées plus facilement sur un territoire souverain.

A l’origine, l’Edge Computing était conçu comme une architecture mobile, appelée « MEC » pour « Mobile Edge Computing » . Elle avait notamment pour but de répondre aux besoins de latence de la 5G.

Aujourd’hui, les organismes de standardisation parlent toujours de « MEC » mais pour désigner une architecture Edge Computing fixe et mobile. Le « MEC » signifie alors « multi-access Edge Computing ». Les standards définis peuvent être appliqués sur des architectures LTE, 4G et 5G, et sur l’ensemble des technologies fixes, même si les architectures sont construites pour des architectures normalement à débit symétrique.

…. et des dispositifs logiciels

En dehors de l’architecture purement liée au réseau, des dispositifs logiciels et physiques permettent d’accélérer le traitement des données à grande échelle en temps quasi réel. Dans les cas d’usage les plus évolués comme les véhicules autonomes, l’objectif recherché est double :

  • un temps de latence de moins d’1 milliseconde
  • et une perte de paquets équivalente à celles des standards télécoms usuels.

Quelles sont à date, les premières applications de l’Edge Computing ?

L’Edge Computing est une solution encore peu démocratisée. Elle n’est pas encore tout à fait mature pour être déployée commercialement à l’échelle d’un réseau.

Toutefois, les acteurs du numérique, que ce soit HP, Azur, Dell ou Google, proposent déjà de premières solutions pour des industriels. Ces solutions consistent pour la plupart à déporter les capacités d’un Cloud centralisé au plus près de sites industriels. Cette approche rend possible les traitements de données en temps réel, voire l’automatisation complète de processus industriels à l’aide d’objets connectés. Amazon, comme d’autres acteurs, propose même des solutions de ce type pour les sites industriels éloignés qui ne peuvent pas avoir une connectivité permanente; on peut notamment penser aux plateformes pétrolières.

Des applications pour le B2B …

Ces premières applications sont suivies d’expérimentation déjà très avancées dans de nombreux domaines. On pense notamment :

  • au domaine de la santé avec des capteurs médicaux voire des mises en place de traitement ou d’opérateurs,
  • aux systèmes de surveillance avec un traitement local de la donnée,
  • au Big Data en temps réel sur l’ensemble d’un réseau mobile,
  • voire, à plus long terme, à la mise en place d’architectures Edge Computing à large échelle pour les smart cities ou des véhicules autonomes.

…Mais également pour le grand public

L’Edge Computing aura également un intérêt pour certaines applications grand public. Par exemple, l’optimisation de la latence et le traitement des données à proximité de l’utilisateur seront très bénéfiques à la réalité virtuelle ou au cloud gaming. Quant au caching proactif au plus près de l’utilisateur, il permet d’optimiser l’utilisation du réseau internet pour l’ensemble des contenus, notamment vidéos.

Toutefois, si ces optimisations ont un intérêt pour l’expérience de l’utilisateur, et donc pour sa satisfaction, elles apparaissent assez difficilement monétisables.

L’Edge Computing : une opportunité pour les opérateurs Télécoms

L’Edge Computing représente pourtant un intérêt stratégique à moyen et long terme pour les opérateurs télécoms. C’est en effet une piste pour revaloriser les opérateurs et leurs réseaux, perçus comme des simples « tuyaux », face aux fournisseurs de services et de contenus.

L’Edge Computing permet-il de rebattre les cartes en faveur des opérateurs ?

Les opérateurs peuvent faire de leurs nœuds réseaux des lieux stratégiques non seulement d’interconnexion et d’accès mais également des espaces de stockage et de calcul qu’ils pourraient valoriser avec des plateformes compatibles. A ce jeu, les opérateurs historiques seraient évidemment favorisés : ils possèdent de nombreux points de maillage du territoire. Ces derniers leur permettraient d’avoir des taux de latence extrêmement bas s’ils étaient équipés de capacité de calcul. A titre de comparaison, des géants comme Google n’ont aujourd’hui en France que deux points d’ancrage réel (Paris et Marseille).

La réduction des coûts à l’Edge

Par ailleurs, l’Edge Computing pourrait également devenir un centre de réductions de coût important pour les opérateurs à deux titres :

  • en tant qu’architecture dynamique distribuée, elle rend possible la mutualisation sur l’ensemble du réseau des capacités de stockage et de traitement des données qui ne sont pas aujourd’hui utilisées à 100% ;
  • le déploiement d’une architecture Edge Computing permet de virtualiser une partie des fonctions réseaux en les hébergeant sur des serveurs.

Les acteurs du numérique au sens large s’emparent déjà du sujet du Edge Computing. Google multiplie ses edges nodes, Amazon et Microsoft ont déjà des plateformes Edge opérationnelles et Ericsson compte agréger des points de multiples opérateurs dans le monde pour créer une plateforme Edge fiable.

Rien n’est donc acquis pour les opérateurs pour capter une plus grande partie de la valeur. Sans un mouvement rapide de leur part, ils pourraient une fois de plus se voir attribuer une partition limitée.

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Ludovic Varga

Consultant Senior Marketing Stratégique