Point de vue

L’avenir des réseaux mobiles est à l’auto-optimisation (SON)

ven. 06 févr. 2015

La solution SON permet de gagner en efficacité opérationnelle dans la gestion des réseaux et en qualité d'expérience client.

Les opérateurs mobiles envisagent de passer d’une optimisation semiautomatique à une auto-optimisation des réseaux. Quelles sont leurs motivations ?

A. V. Les réseaux mobiles sont de plus en plus complexes à gérer du fait de leur hétérogénéité : diversité des fournisseurs, des éléments de réseaux, multiplicité des technologies et des fréquences. Les opérateurs mobiles agrègent jusqu’à cinq bandes de fréquences pour un réseau 4G notamment et gèrent différents types de réseaux (2G, 3G, 4G, WiFi).
De plus, le client veut des services sur mesure et une disponibilité sans faille du réseau.
La solution SON (Self Organizing Network) offre une vue globale et unifiée de la configuration du réseau, un accès en temps réel à des données complètes et précises, la capacité à intervenir à distance, une automatisation de la chaîne d’outils à travers trois grandes fonctions : l’autoconfiguration, l’auto-optimisation, l’auto régénération.
Ces automatisations permettent de gagner en efficacité opérationnelle dans la gestion des réseaux, tout en assurant une bonne qualité de service et une expérience client satisfaisante. L’auto-optimisation sera par exemple utile dans le cadre de la gestion d’évènements sportifs tels que le Tour de France Cycliste : le réseau s’adapte automatiquement au « déplacement » du trafic au fil des étapes du tour et les équipes techniques peuvent ensuite récupérer le réseau dans son état d’origine après l’évènement.
Ces améliorations passent par des fonctions natives des nouveaux équipements de réseau, ou par l’ajout d’une capacité logicielle parallèle au réseau.


Plus précisément, en quoi consistent ces trois grandes fonctions et quels en sont les cas d’usage ?

Concrètement, l’auto-configuration est un outil très important lors du déploiement de nouveaux sites ou fréquences, pour accélérer les opérations de mise en service.
De même, l’auto-régénération permet par exemple de réduire considérablement les temps de remise en état des sites à problèmes. Elle permet aussi de palier les trous de couvertures créés par ces sites, pendant la période d’indisponibilité.
L’auto-optimisation est utile en de nombreuses circonstances et notamment dans le cadre de la gestion d’évènements sportifs tel que le Tour de France Cycliste : Le réseau s’adapte automatiquement au « déplacement » du trafic au fil des étapes du tour et les équipes techniques peuvent ensuite récupérer le réseau dans son état d’origine après l’évènement.


Quels sont les principaux bénéfices de cette nouvelle technologie pour l’opérateur ?

A. V. Les bénéfices portent essentiellement sur la qualité de service (QoS) et l’accessibilité : moins de coupures voix, meilleure adaptation du débit, meilleure couverture. Obtenir une QoS maximale sans la technologie SON demande beaucoup de main d’oeuvre en central comme sur le terrain. L’introduction de cette technologie permettrait aussi de réduire les dépenses opérationnelles de près d’un tiers (1).
Afin de vérifier les économies réelles, chaque fonction est testée sur une zone préalablement configurée pour servir de base de référence. Puis nous mesurons les gains en termes d’accès au réseau, de QoS, de couverture, et de consommation d’énergie.
En Tunisie et en France, nous avons constaté des améliorations de performance de l’ordre d’une majoration de 20 % du débit utilisateur ou d’une réduction de 50 % des coupures d’appels liées au manque de voisinage (2). L’utilisation de la fonction SON permet aussi d’adapter par un paramétrage automatique la consommation d’énergie (jour/nuit, événement particulier). Ces tests sont reproduits sur nos différents réseaux.


L’introduction des classes de services jusqu’au niveau de l’accès radio ne sera-t-elle possible qu’avec la 5G?

A. V. Cette fonction est déjà en partie possible avec le LTE.
L’introduction des classes d’objets (service et/ou utilisateur) peut être illustrée par l’exemple suivant : le réseau va distinguer un objet statique nécessitant un accès à internet de 1Gbps, d’une voiture électrique possédant 200 capteurs, et se déplaçant à 130 km/h qui aura besoin de plus de bande passante et de mobilité. Ce distinguo entre classes d’objets permettra à la technologie SON d’adapter le réseau aux contraintes de ces objets.


Quelle est la stratégie du Groupe Orange concernant l’introduction de la technologie SON ?

A. V. SON est encore une technologie en phase de maturation. Nous testons la solution dans de nombreux pays où nous sommes présents. Les déploiements s’étaleront entre 2015 et 2017. Tous les pays, selon leur contexte n’ont pas besoin des mêmes fonctions. Nous référençons actuellement les parties réseaux qui peuvent bénéficier de ces fonctions d’automatisation.
L’introduction de SON se fera en priorité en Europe et en Afrique sur des zones où nous avons déjà un bon réseau 3G et où nous déployons la 4G. En conclusion, le plein apport de cette nouvelle technologie se fera sur les trois ans à venir, les premières expérimentations sont très prometteuses en terme d’amélioration de la Qualité et de réductions des coûts d’exploitation.


L’installation de la technologie SON requiert-elle de nouvelles compétences ?

A. V. Pour gérer les réseaux mobiles il faut aujourd’hui une forte compétence radio. Cette compétence reste indispensable et doit être enrichie en continu parallèlement à l’introduction de nouvelles technologies (4G, WiFi). Cependant, elle doit aussi être complétée par des compétences d’analyse des données (Big Data Analytics).

En conclusion, le plein apport de cette nouvelle technologie se fera sur les trois ans à venir, les premières expérimentations sont très prometteuses en terme d’amélioration de la qualité et de réductions des coûts d’exploitation.


(1) SNS Research estime que les opérateurs de niveau 1 peuvent économiser près de 32% sur leurs OPEX en utilisant la technologie SON sur les réseaux d’accès, cœur et Backaul – source : The Self-Organizing Networks (SON) Ecosystem: 2014 – 2020, mars 2014.
(2) En 2G, 3G et 4G, le voisinage est la déclaration des cellules « voisines » d’une cellule cible. Ces déclarations de voisines sont primordiales pour permettre une mobilité en cellules efficace. Son optimisation est un travail très récurrent, et très impactant pour les équipes opérationnelles.