Point de vue

Insuffler le digital au coeur des organisations

mer. 11 févr. 2015

Il sera intéressant de voir comment les « digital natives » des années 80, et a fortiori la jeune « génération Z », vont perturber positivement nos fonctionnements au travail, probablement à travers une focalisation sur le projet d’entreprise et une coopération plus forte.

"Notre approche consiste à parier sur l'initiative individuelle, l'intelligence collective, la motivation et l'adaptabilité pour accompagner le changement."

Le digital induit-il des changements structurels dans l’entreprise ?

R. S. Le digital a bouleversé nos vies et engendré un phénomène sociétal qui a franchi les portes des entreprises. Petites, moyennes ou grandes, elles sont impactées et leurs fondements sont remis en cause : la hiérarchie, le management, l’organisation, les modes de travail. Les entreprises sont contraintes de suivre le mouvement porté à la fois par leurs collaborateurs et par leurs clients : elles doivent changer pour survivre. Comment ? Tout n’est pas encore inscrit dans le marbre ! Mais ce qui est certain c’est qu’elles ne peuvent faire l’économie de repenser leur organisation.

Comment les entreprises peuvent-elles s’adapter ?

P. V. Le digital requiert de la part de l’entreprise une écoute renforcée de son environnement et une capacité à s’adapter en permanence. Plus que la pertinence des prévisions et des plans d’actions, ce sont d’abord les modes de fonctionnement de l’entreprise qui sont ses facteurs de succès. C’est un peu comme pour l’entrainement d’un sportif de haut niveau, on travaille les conditions de la réussite, la capacité à réagir à la fois avec force et discernement. Le digital nécessite un fonctionnement accéléré dans un écosystème mouvant : l’entreprise doit faire de l’incertitude une alliée et fonctionner davantage en mode agile afin de « pivoter » avec l’écosystème. Il faut revaloriser le droit à l’erreur, pour inciter la prise d’initiative et favoriser le progrès en continu.

Quels sont les fondamentaux de la transformation poussée par le digital ?

R. S. Le numérique facilite le travail à distance et en réseaux, améliore la transversalité, développe le travail collaboratif et multiplie les interactions avec des acteurs externes à l’entreprise, dans des écosystèmes de plus en plus complexes… Ces nouveaux outils peuvent aussi être porteurs d’innovations pour enrichir l’expérience client. Cependant, sans en nier l’importance, le digital est secondaire dans une dynamique de changement. Les fondamentaux restent les mêmes, indétrônables : un projet commun, partagé autour de valeurs communes, la mobilisation des équipes, la répartition stratégique des ressources, la capacité à maîtriser des environnements complexes et dynamiques.
P. V. La cohésion des acteurs repose aussi sur une communication active et ouverte, pour que chacun puisse adhérer au projet de l’entreprise et à ses modalités de mise en oeuvre. D’autant plus qu’on travaille en mode entreprise étendue : avec une ouverture plus large sur des écosystèmes adjacents, des partenaires, le recours ponctuel à des talents extérieurs, des collaborations virtuelles via les groupes de réflexion (think tanks).

Comment organiser les talents dans l’entreprise 2.0 ?

R. S. Nombre d’entreprises misent sur le big data et le numérique pour devenir des entreprises 2.0, notre approche pour accompagner ce changement va au-delà des outils numériques pour être efficace dans l’organisation des talents. Elle consiste à parier sur l’initiative individuelle, l’intelligence collective, la motivation et l’adaptabilité. Le rôle de l’entreprise est de créer les conditions nécessaires pour que les initiatives et la créativité individuelles puissent s’exprimer et se transformer en innovations. C’est là où réside la clé du changement.
P. V. Il sera intéressant de voir comment les « digital natives » des années 80, et a fortiori la jeune « génération Z », vont perturber positivement nos fonctionnements au travail, probablement à travers une focalisation sur le projet d’entreprise et une coopération plus forte. Reste aux entreprises à savoir les séduire, puis leur donner envie de rester, par leur dynamique de travail et leur environnement technologique.